VALPARAISO


24 Août - 26 Août 

Sans hâte mais avec cette joie de retrouver la côte nous prenons le bus pour Valparaiso, « Valpo » de son petit nom. En moins d’une heure et demi nous voilà déjà entrain de respirer à pleins poumons l’air marin et toiser l’étrange configuration de la ville qui nous promet quelques efforts physiques. En effet, elle est construite à flan de montagne et de manière désordonnée. Pour ne pas faire les choses à moitié, notre logement est niché à mi-chemin du sommet.


Lors du trajet en taxi nous sommes transportés dans le temps. Les maisons recouvertes de tôles colorées sortent tout droit d’un film américain et les trolley bus donnent l’impression de ne pas avoir été changé depuis leur mise en service dans les années 50. Enfin, les funiculaires ou « ascensor » conservent une authenticité sans pareil. 


C’est par Negro, le chien maladroit de la maison et ces trois compagnons félins que nous sommes accueillis. Nous découvrons derrière eux Paco et Jeronima, les propriétaires de la maison. Ils nous mènent jusqu’à notre chambre et c’est à peine si l’on remarque l’exiguïté de la pièce face à cette vue imprenable sur le large.


Nous ne pouvons faire autrement que de profiter de cet environnement, du soleil et des températures printanières. En sortant dans la rue, la pente est raide mais nous préférons ne pas penser au retour. Trois cuadras plus tard nous sommes plongés dans l’ambiance artistique des rues. Si nous avons été surpris par le quartier de Bellavista à Santiago, c’est incrédules que nous restons face à tant de street art. Chaque coin de rue est l’occasion de découvrir une nouvelle oeuvre et parfois même de voir les artistes en action. Nul besoin de rester au musée à ciel ouvert, la ville entière constitue la toile des artistes. 


Le ventre creux nous faisons un arrêt au « pimenton ». Sous ces airs de basque endurci, le propriétaire s’avère être chilien, mais s’est inspiré des amis qu’il a dans le pays basque. Son troquet est une réussite et sa nourriture un régal. 


Nous ressortons jeter un coup d’oeil au port qui, parait-il, aurait beaucoup souffert de la création du canal de Panama. Dorénavant seulement 3 ou 4 de ces monstres de ferrailles se battent en duel tandis que les racoleurs tentent de vendre leur tour en bateau au si peu de passants désabusés. 


Nous rentrons profiter des dernières heures de soleil dans le salon lumineux de Paco et Jeronima. Je tente une balade nocturne après le repas, mais rebrousse vite chemin devant les chiens hargneux qui quelques heures avant paraissaient si paisibles et fragiles à dormir au coin des rues. 


Le lendemain, comme nous pourrions le faire un dimanche à La Rochelle, nous partons longer la côte en direction du marché aux poissons. Nous descendons par l’un des nombreux escaliers de Valpo, et croisons les fêtards de la veille ayant élu leur QG dans ces recoins planqués. Du reste, la ville est d’un calme religieux, il est pourtant déjà 10 h 30. 


Il nous suffit seulement d’un petit kilomètre pour réaliser notre premier arrêt. On nous avait parlé de lions de mer visibles depuis la balade, nous avions retenu l’info sans vraiment y croire. Mais voilà que sur les vestiges d’un ponton ou je ne sais quoi, nous les voyons à à peine 300 mètres entrain de se prélasser au soleil. Ils ne paraissent pas dérangés par l’activité des différents coureurs, sportifs ou buveur de bières. 


Nous avançons encore un peu et arrivons sur un bout de plage. Avant de trouver l’accès pour y descendre nous traversons le marché des poissons, largement investi par les pélicans et leurs copines mouettes. Nous nous apprêtons à chercher un kiosque pour déguster des fruits de mer quand un mouvement aviaire attire notre attention. Nous jetons un oeil sur la plage et nous aperçevons un banc de lions de mer loin d’être timide. 


Nous restons là un moment, évitant la marée montante, à les regarder jouer dans les vagues. Puis en revenant du côté du marché nous assistons à une scène insolite. Nous faisons la rencontre du plus malin de la bande, qui a trouvé où se ravitailler gratis, sans faire d’efforts physiques. C’est qu’il est exigeant en plus, et presse le pauvre poissonier entrain d’évider sa pêche. 


Vient enfin le moment le plus appréciable de la journée, la dégustation des produits de la mer accompagnés d’une bonne chope (au sens propre du terme, il s’agissait d’un mug généreusement rempli) de vin blanc. 


Nous repartons dans le centre pour digérer. Nous ne nous lassons pas d’arpenter les rues colorées de Valparaiso, puis nous laissons tenter par l’abondante proposition de café et pâtisserie en tout genre. 


Nous nous évertuons à vouloir rentrer « chez nous » à pied, et nous sommes récompensés de nos efforts par un crépuscule invraisemblable. Les nuages gagnent peu à peu les bateaux, puis les maisons, le clocher de l’église et tout ça sur un fond rose-orangé qui donne un côté mystique à la ville. 

Le jour suivant sera une journée looser pour nous. Sans regarder les horaires d’attention, nous partons vers l’ancienne prison réhabilitée depuis en centre culturel. Malheureusement, arrivés devant la grille le gardien nous dit que le lieu est fermé au public le lundi. Nous profitons donc d’être dans un autre quartier pour visiter les alentours et nous rendre aux miradors agencés par la municipalité. Nous traversons des zones peu inspirantes mais ne ressentons aucune insécurité pour autant. Sur certaines fenêtre est affiché « Yo cuido la casa de mi vecino » qui grossomodo traduit une sorte de surveillance mutuelle du voisinage.


Valparaiso a aussi cette singularité de faire cohabiter dans une même rue des maisons spectaculairement grandes et entretenues avec des abris fait de bric et de broc qui menacent de s’écrouler à tout moment. 
Paco confirmera notre observation en nous disant que cette ville ne comprend pas de sectorisation par classe et que dans une même rue peuvent vivre hauts et bas revenus. 


C’est un peu à l’image du reste de la ville. Nous sentons une certaine liberté dans les rues très certainement insufflée par la vie universitaire. La richesse culturelle est valorisée, bien plus que les richesses monétaires. C’est d’ailleurs ce que l’on devine en regardant de plus près certaines bâtisses ou magasins qui ne font aucun effort pour soigner leur devanture. 


Pris de court nous n’avons finalement pas réalisé le free Walking tour pourtant chaudement recommandé par tous les visiteurs de passage dans la ville. C’est là une occasion de repasser par Valparaiso lorsque nous explorerons le sud du Chili. 
Cependant, les trois jours passés ici auront suffit à nous charmer. C’est le genre d’endroit qui agit autant sur votre moral que sur votre inspiration et que vous prenez plaisir à découvrir et redécouvrir. 

Despues ~ Mendoza

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