L’inégalable San Juan de la laguna




4 Fév. - 11 Fév. 

Pour être honnête, j’étais plutôt du genre à rire de ceux qui se la jouaient à « voyage en terre inconnue » en disant que l’expérience qu’ils avaient vécus les avait bouleversé. Je me disais qu’ils en faisaient toujours un peu trop. 


Et puis nous avons atterris à San Juan de la Laguna, un des nombreux « San » qui entourent le lac d’Atitlan. Celui-ci tire cependant son épingle du jeu, avec un artisanat central et un sens de la communauté prononcé. Nous arrivons en lancha, et sur le ponton, nous attend Graziela. Graziela est la mère de la famille qui nous accueille pour quelques jours. Elle nous amène jusqu’à chez elle, où elle nous laisse avec Thelma, sa fille, et Reina Karina sa petite fille. Elle doit rejoindre la boutique de l’association de tisseuse où elle travaille. Nous découvrons une maison simple, sans vraiment d’intérieur. La cuisine, la douche et les toilettes sont en quelques sortes sur la terrasse. 


Nous marchons un peu dans le village, et apercevons les premiers signes de la culture Tzutujil. Les femmes sont vêtues de leur habit traditionnel, les hommes reviennent de la montagne le dos chargé de bois, et à chaque rue le bruit des tortillas frappant dans les mains des femmes raisonne. 
Je pourrais écrire un roman sur San Juan, mais je vais essayer de résumer nos activités afin d’en dire plus sur l’expérience humaine que nous avons partagé avec les locaux. 


Nous passons d’abord 3 jours dans la famille de Graziela. Matin et soir nous nous asseyons à leur table, et mangeons de la même manière qu’eux (incluant du café durant le dîner). Autrement dit, beaucoup de haricots et de tortillas. Ils nous enseignent une partie de leur culture et de leurs croyances. 

Le mari de Thelma, peintre et policier, qui vit avec toute la famille

Un matin, Diego, le père de famille, nous emmène grimper en haut de La Nariz del Indio. Nous partons à 3h45 du matin. En tant que guide, il prévoit 2 à 3 heures de monté. Nous gravissons finalement les 2 500 mètres en 1 h 30. Cela nous laisse le temps d’échanger avec lui et de déguster un café avant de profiter du levé du soleil sur le lac. 

Pour l’anecdote, sur le retour, des femmes chaussées simplement de ballerines nous ont aisément doublé tandis que nous avions le pas hasardeux, et que mes pieds se sont dérobés à 3 reprises. Diego nous dira ensuite qu’elles gravissent la montagne chaque jour, aller-retour pour se rendre au travail. Nous n’en revenons toujours pas. 







Je prend aussi un moment pour apprendre le tissage avec Graziela et je réalise mon propre tissu (près de 6 ou 7 heures de travail). 


Le mercredi après-midi, après une matinée de Kayak sur le lac, nous partons à la découverte de deux autres villages : San Marcos et San Pedro. Mis à part des restaurants et des propositions de voyage astrale, rien de très interessant. 



Enfin, le dimanche nous nous rendons à Chichicastenango, le plus grand marché du Guatemala. Il est vrai que sa grandeur nous impressionne, mais la qualité des tissus n’égale pas celle de San Juan. 

 

Sur la route du retour...
Il ne me reste à présent plus qu’à vous décrire l’activité décisive, celle qui nous a fait rencontrer notre deuxième famille d’accueil.  

Un matin, nous bookons un cours de cuisine avec l’association Rupalaj’, qui propose des tours et activités avec les familles Tzutujil. Nous rejoignons Lourdes à 9 heures pour aller au marché acheter les ingrédients. Elle nous guide ensuite jusqu’à sa maison, et nous commençons à cuisiner un « caldo de pollo » (soupe de poulet), plat typique. Nous tombons sous le charme de sa petite cuisine. Ses filles étant à l’école et son mari au travail, nous dégustons notre travaille seulement avec elle. N’ayant rien réservé pour les jours à venir, nous lui demandons s’il est possible de réserver 3 nuits chez elle. Elle accepte volontiers. 


Sur le chemin du retour nous croisons ses deux filles, de 8 et 9 ans, incroyablement polies et souriantes. Le lendemain nous arrivons donc en début d’après-midi pour poser nos affaires. C’est Marysol (l’aînée) qui nous accueille, avec une belle maturité pour son âge.


Le soir nous rencontrons Pedro, le père, et prenons le temps de discuter après le repas. Pedro travaille en tant que contrôleur des produits dans le domaine médical. Il nous décrit les conditions plus que précaires de son travail et nous explique que grâce à son père il sait aussi travailler la terre. Ainsi, il nous propose le samedi, son jour de repos, de l’accompagner en montagne pour récolter une partie de son café et nous montrer son travail. Il fait un premier aller retour à 5 heures du matin pour couper le bois, et reviens nous chercher à 8 heures. Katarina, la plus petite nous accompagne sans broncher jusqu’à 13 heures. 


Nous coupons le café durant toute la matinée sur sa parcelle, et tel un Tzutujil, Xavier rapporte notre récolte à l’aide de son front. 
Nous déjeunons, et passons à l’étape suivante : le traitement des grains. Toute la famille s’y met pour venir à bout des 25 livres. 


Le soir, nous sommes conviés à la cérémonie de fiançailles de la nièce de Pedro. Nous avons beaucoup de chance de pouvoir y assister, car cela est exclusivement réservé aux proches. Nous profitons pleinement de leurs traditions bien que nous ne comprenions pas un mot. Nous apprenons donc au passage quelques mots de Tzutujil. 



Et puis vient le dernier jour, lundi. Nous demandons à petit déjeuner à 7 heures pour profiter une dernière fois de toute la famille, car Pedro ne revient pas pour déjeuner. Les premiers au revoir sont difficiles, Pedro nous souhaite le meilleur pour le reste de notre voyage, les larmes aux yeux. 
A midi, nous invitons Lourdes au restaurant, car c’est son anniversaire. Nous passons chercher les filles à l’école et nous dirigeons pour manger une pizza. Cela fait 2 ans que les filles n’en ont pas mangé, et elles en raffolent. Nous nous amusons une dernière fois avec elle, et vient à nouveau les au revoir. Nous tentons cette fois de retenir nos larmes, mais nous craquons finalement lorsque la plus petite nous dit que l’on va beaucoup lui manquer. Lourdes est également très émouvante, nous souhaitant le meilleur et essuyant à son tour quelques larmes. 


Il est difficile de décrire notre expérience. Nous avons seulement passé 4 jours avec eux mais nous nous sommes rapidement accomodés. Nous avons appris beaucoup plus auprès d’eux que dans n’importe quel musée ou activité. Nous sommes tombés sous le charme de cette famille et de leur village, et nous nous sommes promis de revenir les voir avant de rentrer en France. Nous avons aussi énormement appris sur un plan humain. Chaque soir ils nous décrivaient leur mode de vie des plus simple, mais nous démontraient la richesse qu’ils détenaient. L’importance de la famille et le soutien de la communauté nous ont beaucoup fait réfléchir. 


 Sincèrement, bien que je ne puisse envier leurs conditions de vie sur certains points, j’admire leur manière de penser et voir les choses. Au delà de cette famille, ce sont tous les habitants qui sont attachants et qui nous ont accueillis comme des rois. 

San Juan de La Laguna est jusqu’à maintenant mon plus gros coup de coeur depuis notre départ. 

Despues ~ Antigua 

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