LA ROUTE DES 7 LACS 


15 Janv - 17 Janv 

C’est le jour de mon anniversaire que nous choisissons de nous lancer pour 120 kilomètres à vélo. Nous partons le matin pour rejoindre Villa la Angostura, point de départ de notre périple. Nous nous retrouvons avec Benoit et Lucie vers 11 h 30 pour faire le plein de provisions, entendez par là essentiellement du saucisson et du fromage (il faut bien fêter mes 25 ans, vélo ou pas). 

Nous récupérons les vélos à l’agence de location et réglons les derniers préparatifs, ce qui nous vaut un départ à 15 h. 

Les débuts sont amusants, il faut d’abord s’équilibrer et s’habituer au poids des sacoches qui nous permettent de ramener matériel de camping et nourriture. Avec beaucoup de confiance, on me confie les deux bouteilles de vin... que je n’ai pas cassé ! 
Le début est enfantin, la route reste agréable, le vent adoucit l’intensité du soleil et le faux plat se passe sans trop de difficultés. 


Nous faisons notre premier arrêt après à peine 10 minutes de route pour une vue imprenable sur le lac et ses couleurs intenses. Tout ça nous motive, et les montées s’enchaînent tout autant que les descentes qui apportent, je dois l’avouer, un certain réconfort. 
Nous faisons notre deuxième pause à 17 h après avoir déjà parcouru 24 kilomètres. Nous blaguons avec légèreté sur la possibilité de rencontrer des rats sur cette partie du parcours, tout en imaginant sérieusement leur présence éventuelle. Et bien c’est lorsque nous sortons nos barres de céréales qu’ils pointent le bout de leur nez. Ni une ni deux, nous enfourchons nos bécanes et fuyons à toute vitesse. 

Car oui, j’ai oublié de vous raconter cette menace qui a faillit compromettre nos projets. La route des 7 lacs traverse une zone à risque de la région où la présence endémique de rats a été signalé. Outre le désamour que l’humain a pour ces rongeurs, cette espèce en particulier qui croît abondamment à cette époque, est dangereuse pour l’homme car elle transmet (par simple inhalation d’urine ou contact) l’hantavirus traduit par de grave problèmes pulmonaires. 
Après vérification auprès de l’office de tourisme il s’avère que notre parcours était réalisable si l’on poussait un peu le premier jour et que nous dormions en dehors de cette zone. 


Nous nous exécutons alors et poussons une heure de plus sans trop de difficultés, si ce n’est un mal de fesses grandissant. Nous entrons dans le camping qu’on nous avait recommandé. Le Gaucho au fameux béret qui nous reçoit nous dit que le camping est fermé, mais que pour nous les « mochileros » (comprenez randonneur ou routard) c’est ouvert. Hm... mais encore ? Et bien les rats sont toujours présents dans les bosquets là-haut, mais normalement ils ne descendent pas si on ne laisse pas de nourriture à l’air libre. 
Ah ! Rassurant. 

Le soleil va bientôt se coucher, nous décidons de poser nos tentes et prenons toutes les précautions nécessaires. Aucune visite de rongeur dans la nuit. Cependant, comme de bons campeurs aguerris, Xavier et moi avons loué tentes et duvets, mais avons juste oublié le tapis de sol, ça pique... 

En attendant que la tente sèche nous savourons la vue sur le lac et jouons aux cartes. Le départ se fait sur les coups de 13 h, nous regrettons de ne pas avoir de tenue cycliste, le retour sur la scelle est rude. Nous faisons différents arrêts aux miradors indiqués. 


Lors d’une descente nous repérons un cours d’eau turquoise parsemé de roches. Nous investissons les lieux pour notre pause déjeuner. Avant de repartir nous nous tentons à une baignade glaciale. C’est reparti jusqu’à 19 h. On nous avait dit que le premier jour était le plus dur. Et en ce deuxième jour de vélo, je me remémore cette phrase lors d’une monté interminable, et me promet de ne plus me fier aux « on dit », mais je ne lâche rien. 


Nous arrivons au camping Falkner, le prix de l’emplacement est un peu cher mais l’ambiance y est festive. Nous nous laissons convaincre. Le soir tombe lorsque nous faisons la connaissance de Julia et de ses deux amis, tous trois originaires de Buenos Aires.


Nous les rejoignons plus tard dans la soirée autour d’un feu où une cinquantaine d’autres jeunes argentins fêtent les vacances d’été. On traîne jusqu’à 3 h du matin sans vraiment penser au lendemain. 


Le réveil est un peu difficile, mais c’est notre troisième et dernier jour. On part à 13 h 30, il nous reste 55 kilomètres jusqu’à San Martin, ville d’arrivée. Nous sommes confiants et nous nous permettons même une pause au lago hermoso. 

On décide de ne pas manger pour ne pas s’alourdir, mais nos ressources en eau s’amenuisent de kilomètre en kilomètre. Alors que le soleil est au plus haut, et que les coups de soleil se forment, nous entamons la plus longue montée du trajet, d’environ 7 kilomètres. 


Tout est dans la tête, sauf lorsqu’une crampe me prend. Obligée de m’arrêter, une famille d’argentin en voiture s’arrête à son tour me voyant sur le bas côté. Ils nous réapprovisionnent en eau et nous donnent des fruits. Grâce à eux, nous parvenons à venir à bout des 7 kilomètres et bientôt voyons la descente longue de 12 kilomètres arriver. Quel bonheur, après autant d’efforts nous sommes récompensés, et la vue sur San Martin est juste délectable. Nous pouvons enfin lâcher les vélos, et avant de les rendre nous nous offrons une bonne boisson rafraîchissante. 


Fières de nous, nous restons conscients de notre irresponsabilité. J’ai eu de la chance de n’avoir qu’une crampe, mais le manque d’eau, de vitamine, l’exposition au soleil et le manque de sommeil accumulé aurait pu être bien plus grave. Je retiens la leçon, et mes bras, mes épaules et mon dos brûlés me servent de rappel. 

Despues ~ Pucon (Chili)

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